Le sociologue Pierre Demeulenaere, dans un essai publié en 1996, étudie la formation historique du paradigme d’homo œconomicus en commençant par s’intéresser à la philosophie de David Hume : « À vrai dire, et curieusement, son influence n’est pas directe, puisqu’il n’est que rarement cité par les auteurs non contemporains comme point d’appui direct de…
Les philosophies de David Hume et d’Emmanuel Kant récapitulent par bien des aspects les Lumières, notamment parce qu’elles ont été conçues dans un esprit de systématisation des connaissances. Elles synthétisent entre autres l’antagonisme entre les conceptions monistes et les conceptions dualistes. Étant donné leur ampleur, il ne saurait être question de développer exhaustivement leurs facettes…
Après nous être intéressés au tournant technico-moral des philosophies hellénistiques, enjambons mille cinq cents ans pour nous pencher sur l’approche épistémologique de Francis Bacon, penseur emblématique de l’entrée dans l’époque moderne. Davantage que dans les articles précédents, nous laisserons autant que possible de côté les aspects religieux et métaphysiques pour nous focaliser sur les éléments…
Durant la seconde moitié du XXe siècle, les travaux de Pierre Hadot et de Michel Foucault ont valorisé les aspects pratiques des philosophies antiques à partir de Socrate. Le premier s’est intéressé de manière générale à la philosophie comme mode de vie ou art de vivre, et plus spécialement aux exercices spirituels qui accompagnent une…
Dans son traité De l’âme, Aristote attribue à celle-ci cinq facultés ou fonctions : nutrition, sensation, représentation, réflexion et motricité. Pour la première fois dans l’histoire de la philosophie, la représentation (phantasia), ou imagination, « est reconnue et étudiée dans sa nature et dans sa fonction1. » Considérée comme une passion, elle n’est pas la sensation parce qu’elle…
Dans l’instantané précédent, nous avons vu que les discussions au sujet du caractère volontaire ou non des actions humaines apparaissent dans un contexte de sécularisation judiciaire. Aristote n’emploie pas alors précisément le terme de volonté, il a recours à quatre notions non unifiées conceptuellement1 : ‘ce qui dépend de nous’ (eph hêmin) ou ce qui est…
Contrairement à Descartes qui, en préambule de ses investigations philosophiques, doute délibérément de ce qu’il a appris et du monde extérieur, le sceptique antique aboutit à la suspension du jugement après avoir longuement cherché la vérité comme moyen d’atteindre la tranquillité (ataraxie). Les réflexions du second consistent, selon Sextus Empiricus, à « mettre face à…
Il y a vingt ans, en novembre 2002, s’est tenue à la Sorbonne une rencontre entre Pascal Engel et Richard Rorty où leurs profonds désaccords au sujet de la notion de vérité ont pu être explicités de manière synthétique. Dans cet échange, Pascal Engel défend notamment une conception normative de la vérité qu’il distingue d’une…
Dans « À propos de la généalogie de l’éthique : un aperçu du travail en cours », qui synthétise une série d’entretiens de 1983 avec H. Dreyfus et P. Rabinow, Michel Foucault expose son approche de la philosophie morale à l’occasion d’un parallèle entre le monde contemporain et la Grèce ancienne. Frappé par le fait…
Si Parménide va jusqu’à nier explicitement l’existence du mouvement, Héraclite conçoit une mobilité-opposition universelle qui n’est dépassée que grâce à la raison (logos). Pour approfondir, voir « Le changement, un concept naturel en Grèce ancienne ? »