À propos

Agencer les concepts (i.e. les délimiter et les relier) de manière cohérente et synthétique étaye voire fonde la clarté. Or l’élaboration de synthèses constitue une activité dont la difficulté s’accroît avec la démultiplication des connaissances et la spécialisation des personnes qui produisent les savoirs. Et sans une conception du monde dans lequel on vit qui soit suffisamment étayée et synthétique, comment s’orienter personnellement, politiquement ou moralement ? Les inconsciences ne risquent-elles pas de réduire le champ des possibles ?

Aux écueils épistémologiques précédents s’ajoutent ceux hérités de traditions de pensée dont l’objectif n’a pas nécessairement été de délimiter les concepts le plus précisément possible. En effet, les idéalismes philosophiques traditionnels, de Platon à Hegel en passant par Hume, se sont efforcés d’unifier le multiple, en particulier au travers d’une idéalisation de l’Être ou de la Nature, définissant des limites conceptuelles non formelles et non empiriques. Leurs réflexions ont comporté une dimension éthique conséquente, propre à la « sagesse » et associée aux problématiques politico-morales de leurs temps.

A ce sujet, voir notamment L’Épopée du concept de nature du VIIIe au IVe siècle AEC

Un autre écueil, lié en partie au précédent, vient du fait qu’instaurer des limites conceptuelles, autrement dit catégoriser, constitue un exercice syntaxique et sémantique pour le moins délicat, historiquement intriqué avec l’exercice du pouvoir, ce que les philosophies critiques de Marx, de Nietzsche, de L’École de Francfort, de Foucault ou de Bourdieu ont souligné avec acuité. Catégoriser, définir, revient à établir le référentiel social de communication et de pensée, référentiel donc commun. Inversement, remettre en question, c’est ouvrir les esprits à des agencements de concepts différents.

Dire que les concepts expriment la manière dont la société se représente les choses, c’est dire aussi que la pensée conceptuelle est contemporaine de l’humanité. Nous nous refusons donc à y voir le produit d’une culture plus on moins tardive. Un homme qui ne penserait pas par concepts ne serait pas un homme ; car ce ne serait pas un être social.

Émile Durkheim, Les fondements élémentaires de la vie religieuse

La question de la connaissance et celle de la liberté s’interpénètrent depuis l’aube de la philosophie et des sciences. Elles participent d’une activité cognitive qui a pour but, d’une part, d’éclaircir dans la mesure du possible des concepts difficiles à cerner et, d’autre part, de dégager des perspectives d’ensemble contribuant à mes orientations personnelles.

Comment citer un texte ? Exemple : Damien Gimenez,  « Du holisme à l’individualisme méthodologique, un éventail de rationalités », consulté le 26 mars 2021. URL : <https://damiengimenez.fr/du-holisme-a-lindividualisme-methodologique-un-eventail-de-rationalites/>.

Contact : damien[dot]gimenez[at]gmail.com


Publié le 16 février 2019. Dernière modification le 24 novembre 2023.