Le concept de capital culturel peut-il se démoder ?

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« Le concept de capital culturel reste aujourd’hui un des concepts majeurs en sociologie de l’éducation. Il fait partie d’une sorte de fonds commun des sociologues de l’éducation francophones qui y recourent de manière quasi réflexe pour expliquer le rôle de l’école dans la reproduction des inégalités sociales1 […] »

Hugues Draelants et Magali Ballatore

Dans les articles précédents, nous avons brièvement abordé la notion de capital. Nous allons l’évoquer ici dans ses grandes lignes et nous pencher sur une espèce centrale dans l’épistémologie bourdieusienne, celle de capital culturel. Nous esquisserons ainsi le concept de goût, autrement dit de jugement esthétique ; puis nous nous demanderons comment s’évalue le capital culturel, et nous questionnerons sa convertibilité, en tant que cause sociale, en titre scolaire ; enfin, nous examinerons la problématique de l’évolution des valeurs culturelles.

Le capital et la culture selon Pierre Bourdieu

Le paradigme de capital

Chez Marx, le concept de capital joue un rôle central au sein d’une philosophie envisageant les êtres humains comme des êtres qui « œuvrent et produisent matériellement2 ». La distinction entre capital constant (moyens de productions, matières premières) et capital variable (force de travail) met en relief le rôle de l’exploitation du travail humain dans le dégagement de plus-values, le salarié n’ayant d’autre choix que de vendre sa force de travail. « Le procès de production capitaliste considéré dans sa continuité, ou comme reproduction, ne produit donc pas seulement marchandise, ni seulement plus-value ; il produit et éternise le rapport social entre capitaliste et salarié3. »

Pierre Bourdieu considère également le capital comme un « rapport social ». Cependant, en tant qu’ « énergie sociale qui n’existe et ne produit ses effets que dans le champ où elle se produit et se reproduit4 », le capital ne se limite pas à l’économie. Bourdieu distingue ainsi quatre grandes espèces de capital : culturel, social, économique et symbolique.

Précisons les espèces autres que le capital culturel : le capital économique concerne à la fois le patrimoine et les revenus des personnes ; le capital social désigne plus particulièrement les réseaux de relations qu’un individu peut développer et activer ; le capital symbolique, pour sa part, « est la forme que prend toute espèce de capital lorsqu’elle est perçue à travers des catégories de perception qui sont le produit de l’incorporation des divisions ou des oppositions inscrites dans la structure de la distribution de cette espèce de capital (e.g. fort/faible, grand/petit, riche/pauvre, cultivé/inculte, etc5. » Au travers du capital symbolique, on retrouve les oppositions fondamentales de la pensée évoquées précédemment et acquises via des habitus.

Le capital culturel

« La notion de capital culturel s’est imposée d’abord comme une hypothèse indispensable pour rendre compte de l’inégalité des performances scolaires des enfants issus des différentes classes sociales6 ». Elle a été étendue par la suite à l’analyse de l’ensemble de l’espace social, les acquis culturels étant susceptibles de jouer un rôle social en économie, en politique, dans le domaine de la culture et des loisirs, etc.

« Le capital culturel peut exister sous trois formes : à l’état incorporé, c’est-à-dire sous la forme de dispositions durables de l’organisme ; à l’état objectivé, sous la forme de biens culturels, tableaux, livres, dictionnaires, instruments, machines, qui sont la trace ou la réalisation de théories ou de critiques de ces théories, de problématiques, etc. ; et enfin à l’état institutionnalisé, forme d’objectivation qu’il faut mettre à part parce que, comme on le voit avec le titre scolaire, elle confère au capital culturel qu’elle est censée garantir des propriétés tout à fait originales7. »

L’incorporation renvoie au concept d’habitus tandis que les formes objectivées et institutionnalisées évoquent davantage un fait social tel que pouvait le concevoir Durkheim. Précisons l’idée de culture chez Bourdieu : « La culture est cette sorte de savoir gratuit, à toutes fins, que l’on acquiert en général à un âge où l’on n’a pas encore de problèmes à poser. On peut passer sa vie à l’accroître, à la cultiver pour elle-même. Ou bien, on peut s’en servir comme une sorte de boîte à outils, à peu près inépuisable. Les intellectuels sont préparés par toute la logique de leur formation à traiter les œuvres héritées du passé comme une culture, c’est-à-dire un trésor que l’on contemple, que l’on vénère, que l’on célèbre, en se valorisant par là même, bref, comme un capital destiné à être exhibé et à produire des dividendes symboliques, ou de simples gratifications narcissiques8 […]. »

Le goût de la domination

Le concept de capital culturel est particulièrement développé par Bourdieu dans La distinction dont le sous-titre est critique sociale du jugement, en référence à Kant et en rupture par rapport à lui. Alors que ce dernier « s’ingéniait à distinguer ce qui plaît de ce qui fait plaisir et, plus généralement, à discerner le désintéressement, seul garant de la qualité proprement esthétique de la contemplation, de l’intérêt de la raison qui définit le Bon9 », Bourdieu souligne avec acuité que l’intérêt et les luttes pour la domination10 contribuent à former le goût, relativisant ainsi le jugement esthétique.

Il note en particulier la « dépendance de la disposition esthétique à l’égard des conditions matérielles d’existence ». Les conditions d’apprentissage de la culture légitime « se caractérisent par la mise en suspens et en sursis de la nécessité économique et par la distance objective et subjective à l’urgence pratique, fondement de la distance objective et subjective aux groupes soumis à ces déterminismes11. »

La disposition esthétique « unit et sépare : étant le produit des conditionnements associés à une classe particulière de conditions d’existence, elle unit tous ceux qui sont le produit de conditions semblables mais en les distinguant de tous les autres et sur ce qu’ils ont de plus essentiel12 […]. » Bourdieu va jusqu’à affirmer, insistant sur l’idée de distinction : « les goûts sont sans doute avant tout des dégoûts ».

C’est dans les luttes pour la distinction « que s’engendre la valeur de la culture ou, ce qui revient au même, la croyance dans la valeur de la culture, l’intérêt pour la culture, l’intérêt de la culture […]. La barbarie, c’est de demander à quoi sert la culture ; d’admettre l’hypothèse que la culture puisse être dépourvue d’intérêt intrinsèque, et que l’intérêt pour la culture ne soit pas une propriété de nature, d’ailleurs inégalement distribuée, comme pour séparer les barbares des prédestinés, mais un simple artefact social, une forme particulière et particulièrement approuvée de fétichisme13 […]. »

De l’évaluation et des effets du capital culturel

Capital culturel, que mesure-t-on ?

Le capital culturel, à l’état institutionnalisé, est mesurable socialement grâce à des enquêtes statistiques en comptabilisant les diplômes des personnes par catégorie socio-professionnelle. Des trajectoires peuvent être établies en comparant le niveau scolaire des parents à celui de leur progéniture. À l’état objectivé, le capital culturel s’évalue statistiquement au travers de la possession de tableaux, d’instruments de musiques, de moyens de télécommunication, etc.

Dans La distinction, Pierre Bourdieu s’appuie également sur la notion de « style de vie » pour appréhender le capital culturel incorporé, les styles de vie étant « les produits systématiques des habitus » (cf. article précédent). « Le goût, propension et aptitude à l’appropriation (matérielle et/ou symbolique) d’une classe déterminée d’objets ou de pratiques classés et classants, est la formule génératrice qui est au principe du style de vie, ensemble unitaire de préférences distinctives qui expriment, dans la logique spécifique de chacun des sous-espaces symboliques, mobilier, vêtement, langage ou hexis corporelle, la même intention expressive14. »

Le rapport entre style de vie et espace social consiste en une homologie : « les pratiques ou les biens qui sont associés aux différentes classes dans les différents domaines de la pratique s’organisent selon des structures d’opposition qui sont parfaitement homologues entre elles parce qu’elles sont toutes homologues de l’espace des oppositions objectives entre les conditions15. »

À partir de ce postulat d’homologie, Bourdieu et ses collaborateurs effectuent de multiples analyses statistiques, notamment au moyen d’un outil mathématique comme l’analyse des correspondances. Le croisement de ces différentes analyses permet de dresser une cartographie saisissante de l’espace social à la fin des années 1970 :

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Le capital culturel ne fait donc pas l’objet d’une mesure comme le capital économique par le biais d’une devise monétaire, unité de mesure commune. Il est évalué, soit en tant que détention de titres scolaires, soit en tant qu’objet possédé, soit par homologie à un ensemble de pratiques culturelles associées à un style de vie, ce qui permet de mettre en évidence des différences sociales voire des oppositions.

Notons que ces trois types d’évaluation, du fait qu’elles comptabilisent des catégories de titres scolaires, d’objets ou de pratiques assez larges, fournissent des mesures approximatives16. De plus, l’absence d’un étalon de mesure commun entre les différentes espèces de capital peut surprendre car Bourdieu évoque explicitement les transformations de capital d’une espèce en une autre : « le taux de conversion des différentes espèces de capital est un des enjeux fondamentaux des luttes entre les différentes fractions de classe dont le pouvoir et les privilèges sont attachés à l’une ou l’autre de ces espèces et, en particulier, de la lutte sur le principe dominant de domination17 ».

Le capital culturel, cause sociale

En matière de conversion de capital, on peut s’interroger plus spécialement sur la causalité entre capital culturel, dans ses états incorporé et objectivé, et capital scolaire (état institutionnalisé du capital culturel). Les sociologues Hugues Draelants et Magali Ballatore précisent que « pour expliquer comment le capital culturel est reconverti en avantage scolaire, il s’agit d’établir un lien statistique entre les diverses pratiques culturelles et le développement de connaissances et de capacités linguistiques et cognitives, l’hypothèse étant qu’à cet égard les diverses pratiques culturelles sont inégalement productives18. »

Par exemple, une équipe de recherche néerlandaise a établi en 2001 « qu’être éduqué dans un milieu familial où la lecture joue un rôle important est nettement plus efficace, en termes de réussite scolaire, que le fait d’avoir des parents qui fréquentent le théâtre et l’opéra, visitent les musées, galeries et vernissages19. » Une autre étude réalisée la même année (Sullivan20) a mis en évidence que le visionnage d’émissions télévisées était corrélé à la réussite scolaire, ce qui est pour le moins étonnant dans la mesure où la télévision est considérée comme un média populaire.

« Comme le souligne Sullivan, on peut s’interroger sur le sens de la relation : le fait de lire ou de regarder des programmes télévisés sophistiqués contribue-t-il au développement de l’intelligence ou bien les habitudes en matière de lecture et de télévision des élèves reflètent-elles simplement le niveau de développement intellectuel préalable des élèves ? Ces résultats ne nous permettent pas de trancher. Il est probable que la relation joue dans les deux sens21. »

On touche ici à une problématique sociologique déjà abordée lors de l’étude du Suicidede Durkheim : mettre en évidence une relation de causalité est particulièrement délicat lorsque l’on étudie des processus qui se déroulent sur plusieurs années et qui incluent des causes sociales appréhendées en tant que catégories génériques. Comment affiner l’analyse ? Le sociologue Bernard Lahire propose par exemple de davantage contextualiser les pratiques familiales.

« Il ne faut pas perdre de vue que les abstractions statistiques (les critères que l’on retient comme indicateurs pertinents de réalités sociales) sont toujours à contextualiser. Lorsqu’on absolutise l’effet de tel ou tel facteur (ou de la combinaison de tel et tel facteurs), alors on produit des faux problèmes liés à la trop grande imprécision des termes utilisés22. »

En contextualisant, l’objectif est « de mettre en évidence le fait que les variations individuelles des comportements et attitudes ont des origines ou des causes sociales. Les variations intra-individuelles des comportements culturels sont le produit de l’interaction entre, d’une part la pluralité des dispositions et des compétences culturelles incorporées (supposant la pluralité des expériences socialisatrices en matière culturelle) et, d’autre part, la diversité des contextes culturels […] dans lesquels les individus ont à faire des « choix », pratiquent, consomment, etc23. »

Bernard Lahire souligne le caractère sociologique et non psychologique de son entreprise, de façon particulièrement prononcée dans La culture des individus : « la « vérité individuelle » ne se trouve pas comme enfermée ou encapsulée dans les limites d’un cerveau et d’un corps, mais se révèle dans le déploiement et la variété (diachronique et synchronique) des actions et pratiques de l’individu en question24. »

L’épreuve du temps

L’évolution des valeurs culturelles

Au-delà de l’aspect approximatif du capital culturel, tant en matière d’évaluation que de causalité, questionnons l’idée de culture. Le capital culturel, comme les autres espèces de capital, constitue une ressource que les agents sociaux peuvent employer dans leurs luttes quotidiennes « pour l’imposition du principe de domination dominant » qui sont aussi des luttes « pour le principe légitime de légitimation et, inséparablement, pour le mode de reproduction légitime des fondements de la domination25. » Le capital culturel participe donc du renouvellement d’une culture légitime qui se transforme par habitus en capital.

Cette dynamique des valeurs culturelles est cohérente avec la relativité de ces valeurs et l’idée qu’elles sont « un simple artefact social, une forme particulière et particulièrement approuvée de fétichisme26 […]. » Pour qu’elle s’entretienne, il faut que « 1) il existe une culture légitime dominante (clairement séparée de la culture commune) ; 2) la culture scolaire relève de la culture légitime (et transmet celle-ci)27. »

Le sociologue Philippe Coulangeon explique qu’au début des années 1990, « l’idée s’est fait jour que l’attitude culturelle des classes supérieures se caractériserait désormais davantage par la diversité des répertoires de goûts et des pratiques que par la familiarité avec les arts savants. Cette thèse, formulée à l’époque en France par Olivier Donnat, à l’appui de l’examen rétrospectif des enquêtes sur les pratiques culturelles menées au cours des vingt années précédentes, a été popularisée à travers la métaphore de l’omnivore28. »

Le développement de l’éclectisme, s’il affaiblit la possibilité d’une culture légitime, n’induit pas que la culture ne constitue pas un instrument de domination : « Ainsi la stratification sociale des attitudes culturelles serait-elle désormais davantage fondée sur l’inégale plasticité des répertoires culturels, à travers la fréquentation d’univers culturels diversifiés dont la mobilisation tend à fonctionner comme une ressource de communication davantage que comme un capital de distinction29. »

On peut citer comme exemple la tendance de personnalités politiques comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande à promouvoir, soit par leur côté bling-bling, soit par leur côté « normal », un rapprochement avec le peuple qui n’induit pas nécessairement une dévalorisation de la culture traditionnelle. La présidence d’Emmanuel Macron, jupitérienne, marque pour sa part un recul vis-à-vis de l’éclectisme contemporain.

Culture et science

Parallèlement à la diversification des valeurs culturelles, on peut observer une évolution de la hiérarchie des disciplines scolaires, « notamment le déclin des filières « lettres » dont la féminisation et la relative démocratisation d’accès, au contraire des filières scientifiques, peuvent être vues comme des indicateurs de leur dévalorisation sociale. Autrement dit, à l’école aussi, la culture classique devient de plus en plus marginale compte tenu d’évolutions curriculaires, les programmes de cours valorisant davantage que par le passé la culture scientifique et technique30 ». De plus, la massification scolaire, c’est-à-dire la généralisation de l’accès au secondaire et l’allongement de la durée des études, a contribué à une diversification de la culture scolaire.

Bernard Lahire souligne notamment que les étudiants de formation scientifique « s’approprient des biens culturels aux valeurs très différentes, voire opposées dans l’ordre des légitimités culturelles31. » Ils « apparaissent ainsi comme des sortes de monstres à deux têtes, l’une très savante et l’autre plus populaire32. » Étant moi-même de formation scientifique, l’expression de monstre à deux têtes me pique au vif, d’autant qu’elle résonne avec l’ensemble de mes réflexions.

Si la culture englobe les connaissances et les pratiques d’un peuple, le développement scolaire des sciences et des techniques apparaît corrélé avec une disruption historique du concept de capital culturel. Or les sciences comme la physique, la chimie et la biologie, contrairement à une culture qui se fonde sur l’éthique et l’esthétique, ne sont relatives qu’à la marge des jugements de valeur concernant la sélection des théories. Elles sont ainsi considérablement plus stables, moins soumises aux luttes pour la domination dans leur formalisation que ne le sont les sciences sociales.

De surcroît, elles révolutionnent actuellement la compréhension du cerveau, notamment au travers des neurosciences, introduisant une objectivité et une stabilité supplémentaires aux théories psychologiques. Un autre vecteur de connaissances scientifiques qu’il convient de ne pas éluder est la génétique, elle aussi en plein développement et qui pourrait contribuer à expliquer certains phénomènes de reproduction sociale. La prise en compte de composantes psychologiques et biologiques serait-elle compatible avec l’emploi du concept de capital culturel ?

Révolutions et oppositions

Depuis le XVIIe siècle, les sciences participent de révolutions épistémologiques qui bouleversent les manières de concevoir le monde. D’abord essentiellement religieuses, les visions du monde se sont sécularisées avec les philosophies de la modernité et des Lumières. La Révolution française a introduit dans leur prolongement une rupture politique majeure, engendrant une « crise morale » dans laquelle nous baignons toujours et qui, loin de se résorber, aiguillonne les passions.

Les conceptualisations issues de philosophies comme celles d’Adam Smith ou de Karl Marx continuent de structurer en grande partie les visions modernes du monde. En étudiant l’épistémologie de Pierre Bourdieu, j’ai souligné combien l’idée de lutte, centrale chez Marx, fonde une théorisation de la société au travers de multiples concepts que j’ai partiellement égrenés.

La remise en question du concept de capital culturel participe d’un questionnement à propos de la sociologie, discipline universitaire dont les thèses se fondent sur des concepts génériques et des hypothèses morales, discutables par construction. Ce questionnement vise notamment à souligner que nombre de sociologies masquent une éthique qu’elles instituent et à laquelle elles confèrent théoriquement une stabilité, basculant ainsi dans une forme de conservatisme.

Tandis que la sociologie durkheimienne fait évidemment preuve d’un conservatisme républicain, il est beaucoup moins évident que la sociologie bourdieusienne soit conservatrice. Je dirais qu’ironiquement c’est malgré elle, en instituant les luttes comment fondement des relations humaines, qu’elle contribue à figer la société dans une position agonistique. Est-il possible d’envisager une sociologie qui ne verse pas dans une forme de conservatisme ? Peut-être, dans la mesure où les conditions historiques et plus spécialement les hypothèses morales des logiques sociales développées sont explicitées. Toutefois, même en postulant la faisabilité d’une telle explicitation, serait-il cohérent de dénommer science un ensemble de logiques dont les facultés de prédiction reposent sur la stabilité d’hypothèses morales ?

Pour commencer à réfléchir à ces questions et en amont de l’évocation de Raymond Boudon, nous examinerons dans le prochain article le concept de raison au sein duquel s’imbriquent historiquement la science et l’éthique.

Pour approfondir la question du capital culturel :
– Hugues Draelants et Magali Ballatore, « Capital culturel et reproduction scolaire. Un bilan critique », Revue française de pédagogie [En ligne], 186 | 2014.
Rapport CNESCO 2016 sur les inégalités scolaires. Il y est notamment souligné l’influence de la motivation des parents sur la réussite scolaire.


Notes

1. Hugues Draelants et Magali Ballatore, « Capital culturel et reproduction scolaire. Un bilan critique », Revue française de pédagogie [En ligne], 186 | 2014, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 02 mai 2020. URL : http://journals.openedition.org/rfp/4430 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfp.4430.

2. Karl Marx et Friedrich Engels, L’idéologie allemande (1845), UQAC, 2002.

3. Karl Marx, Le Capital, Maurice Lachatre et Cie, 1872.

4. Pierre Bourdieu, La distinction, Les Éditions de Minuit, 2016.

5. Pierre Bourdieu, Raisons pratiques, Seuil, 1994.

6. Bourdieu Pierre. Les trois états du capital culturel. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 30, novembre 1979. L’institution scolaire. pp. 3-6.

7. Ibid.

8. Pierre Bourdieu, Choses dites, Paris, Les Éditions de Minuit, 2015.

9. Pierre Bourdieu, La distinction, Les Éditions de Minuit, 2016.

10. Ibid. : « La légitimité de la disposition pure est si totalement reconnue que rien ne vient rappeler que la définition de l’art et, à travers lui, de l’art de vivre est un enjeu de lutte entre les classes. »

11. Ibid.

12. Pierre Bourdieu, La distinction, Les Éditions de Minuit, 2016.

13. Ibid.

14. Ibid.

15. Ibid.

16. Sur les questions de la catégorisation dans les enquêtes et de la subjectivité du sociologue entrant en ligne de compte, voir Bernard Lahire, La culture des individus, La Découverte, 2006.

17. Ibid.

18. Hugues Draelants et Magali Ballatore, op. cit.

19. Ibid.

20. Ibid. SULLIVAN A. (2001). « Cultural Capital and Educational Attainment ». Sociology, vol. 35, no 4, p. 893-912.

21. Ibid.

22. Bernard Lahire, Tableaux de familles, Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Le Seuil, 2012 (1995).

23. Bernard Lahire, « La culture à l’échelle individuelle : la transférabilité en question » in Trente ans après La Distinction, La Découverte, 2013.

24. Bernard Lahire, La culture des individus, La Découverte, 2006.

25. Pierre Bourdieu, La noblesse d’État, grandes écoles et esprit de corps, Les Éditions de Minuit, 2016.

26. Ibid.

27. Hugues Draelants et Magali Ballatore, op. cit.

28. Philippe Coulangeon, Les métamorphoses de la distinction, inégalités culturelles dans la France d’aujourd’hui, Grasset & Fasquelle, 2011.

29. Ibid.

30. Hugues Draelants et Magali Ballatore, op. cit. Dans La noblesse d’État (1989), Bourdieu notait déjà cette évolution : « La cote des humanités traditionnelles, qui tenaient leur valeur moins de leur utilité professionnelle ou de leur rentabilité économique que de l’étroitesse de leur diffusion, donc de leur pouvoir de distinction, tend à régresser au profit du capital culturel en sa forme scientifique et technique, et surtout bureaucratico-politique […]. »

31. Bernard Lahire, op. cit.

32. Ibid.


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