Dans l’article précédent sur les modèles en sciences, nous avons évoqué la notion de modèle telle qu’elle a été perçue au XXe siècle par les tenants des soi-disant conceptions syntaxique et sémantique des théories. La première conception met l’accent sur le langage et la logique, la seconde sur la logique et les modèles. Elles ont en commun d’accorder une importance particulière à l’ « observation ». Bas van Fraassen insiste sur ce concept dans The Scientific Image (1980), ce qui lui a valu ensuite nombre de critiques, notamment de la part de Ian Hacking et de Nancy Cartwright, que j’aborderai plus spécialement dans le prochain article sur les modèles en sciences.
Citons Cartwright : « Bas van Fraassen est un philosophe des sciences de premier plan qui a continué de plaider que la croyance en des entités non observables n’est pas garantie. Cependant, cela soulève l’épineux problème consistant à décider de ce qui caractérise exactement l’observation d’une entité, et probablement plus de philosophes distingueraient maintenant le réel non problématique du philosophiquement discutable, tel que suggéré par la fameuse remarque de Ian Hacking : « si vous pouvez pulvériser des électrons, alors ils sont réels ». Si l’on peut faire des choses avec ou à une entité, alors on peut légitimement croire qu’elle existe1. »
La critique d’une observation qui serait indépendante de l’action doit en partie à la physique quantique au sein de laquelle il n’a pas été possible, du moins jusqu’à présent2, d’observer une ou plusieurs particules élémentaires sans provoquer d’interactions avec celles-ci. Cependant, la promotion philosophique de l’action n’a pas attendu la révolution quantique pour se développer, outre-Atlantique, sous les traits du pragmatisme fondé par Charles Sanders Peirce.
Dans l’article précédent, nous avons mis en relief plusieurs différences entre l’approche philosophique de Descartes et celle de Peirce. Nous allons poursuivre ici, dans un premier temps, la présentation de quelques thèses centrales du pragmatisme classique qui irrigue les sciences et les philosophies des sciences contemporaines puis, dans un second temps, le comparatif entre cartésianisme et pragmatisme, cette fois en s’intéressant aux similarités davantage qu’aux différences.
Le pragmatisme, un empirisme valorisant les effets pratiques
La maxime pragmatiste
Étymologiquement, ainsi que le signale William James le mot pragmatisme, « de même que « pratique », vient du mot grec πράγμα [pragma], signifiant action3. » Cette dernière figure donc au cœur du courant philosophique, mais de quel type d’action s’agit-il ? Et pourquoi avoir choisi le terme pragmatisme ? Charles Sanders Peirce répond à ces questions dans l’article de 1905 « Ce qu’est le pragmatisme4 ».
Il y précise d’abord qu’il a littéralement « habité » les laboratoires scientifiques depuis l’âge de six ans jusqu’à sa majorité révolue et même au-delà. « L’ensemble de sa vie étant majoritairement associé aux expérimentateurs5 » (il parle de l’ « auteur de l’article », c’est-à-dire de lui à la troisième personne), il s’est toujours « senti confiant » dans la possibilité de « les comprendre et d’être compris par eux. » La vie de laboratoire n’a toutefois pas empêché Peirce de s’enquérir des « méthodes de pensée » et de la « métaphysique ». Cette dernière lui a semblé faiblement raisonnée, excepté peut-être chez Kant, Berkeley ou Spinoza dont les pensées lui ont rappelé celles des expérimentations scientifiques.
Juste après ces fragments d’itinéraire personnel, Peirce expose une version de la « maxime pragmatiste6 » : « Entreprenant, ainsi qu’un homme de son genre ferait naturellement », il [l’auteur de l’article] a « construit la théorie qu’une conception, c’est-à-dire le support rationnel d’un mot ou d’une expression, réside exclusivement dans ses conséquences pensables au sujet de la conduite de vie ; de manière que, comme évidemment rien qui ne résulterait de l’expérience ne pourrait avoir une conséquence directe sur le comportement, si quelqu’un pouvait définir précisément tous les phénomènes expérimentaux concevables qu’impliquerait l’affirmation ou la négation d’un concept, il disposerait alors d’une définition complète du concept ».
Cette maxime insiste sur l’intrication entre, d’une part, le concept (ou l’idée) et, d’autre part, les conséquences des expériences menées au sujet du concept en question, des conséquences qui elles-mêmes impactent le comportement, autrement dit des aspects pratiques mais pas nécessairement au sens kantien (où la pratique est associée à la métaphysique). Peirce ajoute qu’il choisit le mot pragmatisme plutôt que celui de « practicalisme » pour éviter toute ambiguïté avec l’emploi kantien du terme « pratique », qui « appartient à une région de la pensée où aucun esprit d’expérimentateur ne peut jamais s’assurer de disposer d’un terrain solide sous ses pieds ».
La méthode pragmatiste
Si dans l’extrait précédent Peirce décrit le pragmatisme comme une théorie, il insiste par ailleurs abondamment sur le fait qu’il s’agit d’une méthode7 et que « la philosophie doit imiter les méthodes des sciences qui réussissent8 ». De plus, il évoque de façon extensive « la méthode scientifique » dont le postulat fondamental est le suivant : « Il existe des réalités dont les caractères sont entièrement indépendants des idées que nous pouvons en avoir. […] tirant parti des lois de la perception, nous pouvons vérifier par le raisonnement comment sont réellement les choses, et tout homme, s’il détient suffisamment d’expérience et qu’il raisonne assez sur celles-ci, sera conduit à la seule véritable conclusion9. »
Pour illustrer ce point, il prend notamment l’exemple de la vitesse de la lumière : « un homme peut rechercher quelle est la vitesse de la lumière en étudiant les passages de Vénus et les aberrations des étoiles ; un autre en observant les oppositions de Mars et des éclipses des satellites de Jupiter ; un troisième en ayant recours à la méthode de Fizeau […]. Ils pourraient obtenir différents résultats mais, à mesure que chacun perfectionnerait sa méthode et ses procédés, les résultats convergeraient régulièrement vers une valeur centrale prédéfinie10. Ainsi de toutes les recherches scientifiques11. »
Une idée fondamentale chez Peirce est que la recherche scientifique moderne, telle qu’elle a été esquissée dans l’article précédent – où les certitudes peuvent être remises en question, où les hypothèses sont débattues et adoptées de façon collégiale –, conduit à l’établissement de vérités, quand bien même le terme de cette recherche est repoussé aux calendes grecques.
Quoique l’approche épistémologique de Peirce apparaisse hégélienne, elle s’inspire explicitement et directement de l’évolutionnisme darwinien qu’elle considère comme « bien suprême » : « le pragmatiste12 ne fait pas de l’action son summum bonum, mais du processus de l’évolution par lequel ce qui existe incarne progressivement de plus en plus ces généralités prédéfinies mentionnées ci-avant [vitesse de la lumière], généralités que nous nous efforçons d’appeler raisonnables. Aux stades supérieurs, l’évolution occupe de plus en plus de place, en particulier au travers du self-control, et cela donne au pragmatiste une sorte de justification pour rendre générale la prétention rationnelle13. »
Une vérité humaine et contextualisée
L’idée que la vérité constitue l’aboutissement d’une démarche réflexive et expérimentale se retrouve chez William James qui met particulièrement en avant l’inéluctable part d’humanité de toute connaissance : selon lui, « la trace du serpent humain est […] sur toute chose. La vérité indépendante ; la vérité que nous trouvons simplement ; la vérité qui ne peut plus être modelée en fonction des besoins humains ; en un mot, la vérité non rectifiable ; une telle vérité existe effectivement en surabondance […] ; mais elle ne signifie alors que le cœur mort de l’arbre vivant14 ».
La vérité ne se conçoit pas en dehors d’une société humaine composée d’individus « vivant au milieu de réalités » qui peuvent être « infiniment utiles ou infiniment nuisibles15 » . « Doivent être tenues pour vraies, dans ce premier domaine de la vérification, les idées nous disant quelles sortes de réalités, tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir16 […]. »
Tandis que Peirce, en tant qu’expérimentateur, a mis plus spécialement en relief des vérités formelles et stables dans le temps, James, suivant Dewey et Schiller, conceptualise davantage le concept de vérité à l’aune des enjeux sociaux associés à un contexte historique. Or les réalités sociales sont produites par les êtres humains et sont associées à des orientations éthiques. Il n’est donc pas étonnant que, dans ces conditions, James relie explicitement la vérité au bien : « La vérité est une espèce de bien, et non, comme il est habituellement supposé, une catégorie distincte du bien, et coordonnée avec celui-ci17. »
La vérité étant une espèce de bien, il convient de parler « de vérités, au pluriel, de certaines idées directrices, de certains processus se réalisant au milieu des choses elles-mêmes, et n’ayant pour caractère commun que d’être, toutes, des idées qui paient18. » Cette pluralité du vrai, James la justifie par la diversité des théories scientifiques à l’aube du XXe siècle : « Il y a tant de géométries, tant de logiques, tant d’hypothèses physiques et chimiques, tant de classifications, dont chacune est valable dans une certaine mesure sans être valable pour tout, que l’idée que la formule la plus vraie peut être uniquement une invention humaine, et non une transcription littérale de la réalité, s’est fait jour19. »
Les différentes philosophies critiques, à commencer par celle de Nietzsche, placent les concepts de pouvoir, de domination et de lutte au-dessus de la vérité, faisant de cette dernière le produit d’une lutte sociale. James, s’il conçoit un « bien » surplombant, l’envisage dans une optique plus pacifique : les idées vraies « nous conduisent à ce qui rend possible l’harmonie et la stabilité, à ce qui facilite le cours des relations sociales. Elles nous détournent de ce qui nous jetterait hors de l’ordre commun et nous isolerait, de tout ce qui rendrait la pensée stérile et impuissante. » Néanmoins, comme nous l’aborderons de nouveau plus loin, l’idée de « puissance » n’est pas absente et on peut s’interroger sur le mariage de celle-ci avec le concept d’ « harmonie ».
Peirce distingue quant à lui les sciences normatives des sciences relatives à la découverte (heuretic20 sciences) : « l’Esthétique, la Pratique [correspond à peu près à l’éthique] et la Logique forment un ensemble nettement distinct de celui des sciences relatives à la découverte ». Cependant et étonnamment, « la question de savoir où doit être tracée précisément la frontière entre les deux [ensembles de sciences] apparaît plutôt secondaire21. » De plus, rappelons la maxime pragmatiste stipulant qu’une conception « réside exclusivement dans ses conséquences pensables au sujet de la conduite de vie ». Enfin, Peirce a lui-même écrit qu’ « il est impossible d’être complètement et rationnellement logique autrement que sur des bases éthiques22. »
Continuité entre cartésianisme et pragmatisme
Expérimentation, action et maîtrise
En relisant le Discours de la méthode à l’occasion du dernier article, j’ai été frappé, comme souvent en examinant la critique d’une pensée par une autre, par les similarités entre Descartes et Peirce plus encore que par leurs divergences. D’abord, Descartes ne poursuit pas ses recherches dans un bureau, coupé du reste du monde, il entreprend de voyager, d’expérimenter par lui-même :
« Et me résolvant de ne chercher d’autre science, que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens de diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient, que j’en pusse tirer quelque profit. […] Et j’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie23. »
Les deux philosophes insistent de concert sur l’expérience, sur la clarté, sur l’action et sur la conduite de vie. En matière d’action, il me semble intéressant de signaler que la fameuse maîtrise cartésienne de la nature se retrouve trait pour trait dans le pragmatisme de Dewey. Celui-ci oppose la passivité des philosophies rationalistes à l’activité grâce à laquelle les êtres humains transforment le monde et se forgent un « avenir meilleur24 ». « Malgré les inventions qui permettent aux hommes de se servir des énergies de la nature, nous n’avons toujours pas pris l’habitude de considérer le savoir comme une méthode visant à assurer une maîtrise de la nature et de l’expérience. Notre modèle de savoir suppose un spectateur qui regarde une image achevée plutôt qu’un artiste aux prises avec la production de ce tableau25. »
Une approche psychologique
La ligne de fracture entre les deux philosophies semble se situer au niveau des fondements de la connaissance : l’évidence cartésienne se découvre à l’intérieur d’un individu inspiré par Dieu tandis que la méthode pragmatiste repose sur une communauté de chercheurs cheminant indéfiniment vers des vérités.
Les méthodes cartésienne et peircienne pour déceler des vérités peuvent sembler radicalement différentes. Néanmoins, elles possèdent un point commun majeur : l’analyse de l’esprit humain. Descartes, malgré sa nette distinction esprit/matière, s’est intéressé de près aux sensations, aux perceptions et aux passions. Dans Les passions de l’âme, il décrit aussi précisément que possible, c’est-à-dire avec les connaissances et les intuitions dont il dispose, les mécanismes corporels ainsi que les interactions entre l’âme et le corps : « Nos perceptions sont aussi de deux sortes, et les unes ont l’âme pour cause, les autres le corps. Celles qui ont l’âme pour cause sont les perceptions de nos volontés et de toutes les imaginations ou autres pensées qui en dépendent26. »
Peirce, dans « Quelques conséquences de quatre incapacités », se penche également sur les perceptions et la réflexion. S’il adopte un point de vue moniste (indistinction âme/corps), il étudie de façon détaillée la pensée humaine avec les connaissances en logique et en psychologie établies à son époque et avec un certain nombre d’intuitions. Pour conceptualiser cette dernière, il développe notamment la notion de « signe » qui correspond à tout concept au-delà de la perception immédiate. Chaque signe détient trois références : une pensée qui l’interprète, un objet relatif à cette pensée et des qualités ou aspects de l’objet.
Au cours de son analyse, Peirce décrit de façon très intéressante les sensations comme des mécanismes d’abstraction : « […] il est évident, du fait que chaque sens est un mécanisme d’abstraction, que les perceptions ne sont pas absolument déterminées et singulières. La vue seule nous informe uniquement des couleurs et des formes. Nul ne prétend que les images visuelles sont déterminées par rapport au goût. Elles sont, par conséquent, générales pour autant qu’elles ne sont ni douces ni non douces, ni amères ni non amères, ni savoureuses ni insipides. »
Peirce consacre ainsi la quasi-totalité de son article à l’étude de la pensée d’un point de vue psychologique pour en arriver à se démarquer de son illustre prédécesseur : « il n’existe aucun élément de la conscience humaine qui ne soit pas en correspondance avec une chose du monde. » Si le principe peircien (monisme) s’oppose à celui de Descartes (dualisme), si Peirce, dans une veine empiriste, situe les origines de la connaissance à l’extérieur de l’être humain quand Descartes fonde la connaissance sur l’évidence intérieure, la démarche demeure celle de l’étude de l’esprit. Notons d’ailleurs que William James était un pionnier de la psychologie aux États-Unis.
Métaphysique
Une différence principale entre cartésianisme et pragmatisme apparaît ainsi d’ordre métaphysique (dualisme/monisme). Peirce critique le fait que la clarté cartésienne repose sur Dieu, mais fournit-il lui-même, sur le plan métaphysique, des éléments bien plus rationnels que le concept de Dieu ? Selon lui, « les études préliminaires à la construction d’une grande théorie devraient être autant délibérées et exhaustives que celles réalisées en amont de la construction d’une habitation27. » S’il a mené des investigations exceptionnelles et remarquables, il est cependant fort surprenant de constater qu’il a proposé une « cosmogonie » conjuguant les traditions antiques et modernes :
« au commencement – infiniment lointain –, régnait un chaos de sensation non-personnalisée qui, n’étant pas connectée ou régulière, serait proprement sans existence. Cette sensation, surgissant ici et là de façon purement arbitraire, aurait initié le germe d’une tendance générale. Ses autres manifestations seraient évanescentes, mais elle aurait une vertu grandissante. Ainsi, la tendance à l’habitude débuterait ; sous l’effet de celle-ci et des autres principes de l’évolution, toutes les régularités de l’univers seraient modifiées. À tout moment, cependant, un élément de pure chance survit et se maintient jusqu’à ce que le monde devienne un système absolument parfait, rationnel et symétrique, dans lequel l’esprit est enfin cristallisé dans le futur infiniment éloigné28. »
Cette cosmogonie est-elle beaucoup plus crédible que l’idée de Dieu et celle d’une Création ? Peirce qui a tant promu la méthode scientifique, communautaire, opposée à l’heuristique individualiste de Descartes, n’est-il pas plus proche de ce celui-ci qu’on pourrait l’imaginer en première approche ? S’agissant de James, nous avons déjà noté qu’il rattache encore plus explicitement que Peirce la notion de vérité à celle de bien, gommant la distinction entre science et éthique.
Rejet du scepticisme
Terminons par une cause commune au cartésianisme et au pragmatisme : la lutte contre le scepticisme et plus particulièrement contre le scepticisme moral. Parfois, les contradicteurs de Descartes le signalent comme sceptique. Cependant, si celui-ci a affirmé avoir douté intégralement dans ses Méditations, ce que l’on peut légitimement questionner en compagnie de Peirce ou Wittgenstein29, c’est avant tout pour fonder l’évidence, sa certitude première ! Et on peut remonter d’ailleurs jusqu’à Socrate en matière de scepticisme de ce type, c’est-à-dire d’un questionnement temporaire pour aboutir à une vérité.
Le pragmatisme emploie une stratégie anti-sceptique différente axée autour de la primauté historique du social en matière de connaissance : nous avons observé que pour le pragmatique il n’est pas possible de douter de tout et que les vérités sont reconnues via un processus de recherche communautaire. Un autre argument pragmatiste de poids, contre le scepticisme moral, repose sur la nécessité pratique de choisir, à la fois individuellement et collectivement. Ainsi, selon William James, « Si je refuse d’empêcher un meurtre parce que je doute que cet homicide soit injustifié, j’encourage virtuellement le crime. […] Si je doute du droit que j’ai d’éviter un précipice, je contribue activement à ma destruction. […] Le scepticisme en matière morale est un allié actif de l’immoralité. Qui n’est point « pour » est « contre ». L’univers n’admet pas la neutralité dans ces questions30. »
Les mots forts de James me semblent particulièrement d’actualité
en un temps où les injonctions de définir des
camps et d’en choisir un se multiplient proportionnellement aux courants
politiques et éthiques. Ce type de pression morale, sociale, qui s’exerce souvent
de façon inconsciente, ne contribue-t-il pas à effacer la distinction entre
science et éthique ? Ne constitue-t-il pas d’ailleurs un point de
ralliement entre pragmatisme et pensée critique ?
Notes
1.↑ Nancy Cartwright, Rethinking Order. Bloomsbury Publishing, 2016. La citation de Ian Hacking est tirée de Representing and Intervening (1983).
2.↑ Cela pourrait peut-être évoluer : https://www.scientificamerican.com/article/new-views-of-quantum-jumps-challenge-core-tenets-of-physics/
3.↑ William James, Le pragmatisme, Flammarion, 1911, p. 57. Disponible en format numérique ici : http://classiques.uqac.ca/classiques/james_william/pragmatisme/pragmatisme.html
4.↑ C.S. Peirce, “What Pragtism Is” in Nathan Houser (dir.), The Essential Peirce, Volume 2: Selected Philosophical Writings (1867–1893), Indiana University Press, 1998. Les prochaines citations de cette section, que je traduis, sont issues de cet article.
5.↑ Peirce a travaillé 32 ans pour le United States Coast and Geodetic Survey.
6.↑ Cette maxime pragmatiste est énoncée de façon plus condensée dans l’article « The Maxim of Pragmatism ».
7.↑ C.S. Peirce, « Pragmatism », in Nathan Houser (dir.), op.cit.
8.↑ C.S. Peirce, “Some Consequences of Four Incapacities”, Journal of Speculative Philosophy (1868) 2, 140-157. http://www.peirce.org/writings/p27.html. Cf. article précédent.
9.↑ C.S. Peirce, “The Fixation of Belief” in Nathan Houser (dir.), op.cit. Je traduis.
10.↑ Peirce emploie le terme destined qui renvoie à une pensée mythologique. Comme je développe dans la seconde partie de l’article les aspects métaphysiques de sa doctrine, je préfère traduire ce mot par « prédéfini » qui est plus neutre et plus aisé à appréhender.
11.↑ C.S. Peirce, “How to Make Our Ideas Clear”, in Nathan Houser (dir.), op.cit. Je traduis.
12.↑ Ibid. Peirce emploie le mot pragmaticiste, mais comme je ne m’arrête pas dans cet article sur la distinction pragmaticisme/pragmatisme, je traduis par « pragmatiste ».
13.↑ Ibid.
14.↑ William James, “What Pragmatism Means”, disponible ici : https://www.marxists.org/reference/subject/philosophy/works/us/james.htm. Je traduis.
15.↑ William James, Le Pragmatisme, Flammarion, 1911, p. 186. Je souligne. Ouvrage disponible ici : http://classiques.uqac.ca/classiques/james_william/pragmatisme/pragmatisme.html
16.↑ Ibid.
17.↑ William James, “What Pragmatism Means”.
18.↑ William James, Le Pragmatisme, op. cit., p. 199.
19.↑ William James, L’idée de vérité, Alcan, 1913, p. 51.
20.↑ Claudine Tiercelin dans Le doute en question, Éditions de l’éclat, 2016, p. 159, reprend la traduction de heuretic par heuristique. Comme l’adjectif heuristique désigne ce qui « sert » à la découverte, comportant ainsi un aspect instrumental, je préfère laisser le terme anglais heuretic qui dénote un lien, pas nécessairement instrumental, avec la découverte.
21.↑ C.S. Peirce, in Nathan Houser (dir.), op.cit.
22.↑ Peirce, 1931-1958, The Complete Papers of C.S. Peirce, 2.198. in Claudine Tiercelin, THE PRAGMATISTS AND THE HUMAN LOGIC OF TRUTH, Collège de France, 2014, Chapter 4. URL : https://books.openedition.org/cdf/3652?lang=fr
23.↑ René Descartes, Discours de la méthode, Flammarion, 2000, p. 39.
24.↑ John Dewey, La reconstruction en philosophie¸ Gallimard 2014.
25.↑ Ibid.
26.↑ René Descartes, Les passions de l’âme, Flammarion, 1996, Article 19. Disponible sur Wikisource.
27.↑ C.S. Peirce, “The Architecture of Theories” in Nathan Houser (dir.), The Essential Peirce, Volume 1: Selected Philosophical Writings (1867–1893), Indiana University Press, 1998.
28.↑ Ibid.
29.↑ Cf. article précédent.
30.↑ William James, La volonté de croire, Flammarion, 1916, p. 123.