La question de la liberté constitue une problématique dans la mesure où ses significations, multiples, entrelacent des considérations logiques, éthiques, politiques, psychologiques et métaphysiques. Devant un telle diversité sémantique, peut-on parler de « la liberté » au singulier ?
Liste des critères de liberté établie dans La question de la liberté :

Signification des critères
- Un obstacle peut être externe ou interne (ex : croyance) à un individu.
- De même, une contrainte peut être externe (climat, obligation sociale…) ou interne (passions).
- Le concept de connaissance est associé à ceux de conscience et de raison : selon Max Weber, « ce sont les actions que nous avons conscience d’avoir exécutées rationnellement que nous accompagnons […] du plus haut degré du sentiment empirique de la « liberté », ce qui veut dire celles que nous avons accomplies en l’absence d’une « contrainte » physique ou psychique, d’ « affections » passionnelles et de perturbations « accidentelles » troublant la clarté du jugement […]1. »
- L’analyse conditionnelle est historiquement liée aux pratiques divinatoires de l’Antiquité, qui étaient considérées comme une science par Chrysippe, l’un des principaux représentants du stoïcisme. Nombreux étaient les augures du type « ne pas fais ceci, ou alors cela » ; « si tu fais ceci, alors cela » ou encore « seulement si tu fais ceci, alors cela ». Bref, cela n’arrive qu’à condition que ceci soit accompli.
- La notion d’indépendance prend sa source dans les récits mythiques grecs et judéo-chrétiens. Elle est d’abord collective (cité, peuple).
- La responsabilité morale est associée au concept de volonté qui a intéressé les philosophes antiques pour des raisons pratiques, morales et plus particulièrement juridiques. Comme le signale Paul Ricœur, « C’est d’abord dans le cadre d’une éthique que, pour la première fois, Aristote a conçu une analyse […] du volontaire et de l’involontaire. » Dans l’Éthique à Nicomaque2, Aristote précise qu’un « acte est involontaire quand il est fait sous la contrainte ou par ignorance. »
- Avoir pu faire autrement signifie qu’au moment de la décision on disposait de plusieurs possibilités et qu’on avait la capacité d’opter pour une possibilité ou pour une autre.
- Déterminisme/indéterminisme : le terme déterminisme n’existait pas tel quel dans l’Antiquité, les Anciens se référaient au « destin ». Il signifie que les événements sont fixés à l’avance et relève de la métaphysique.
- Le pouvoir peut être relatif à :
- un groupe : typiquement, le pouvoir politique ou religieux.
- un individu : ce critère est apparu tardivement dans l’Antiquité car le déterminisme était omniprésent religieusement et philosophiquement. Il est associé à l’apparition de conceptions indéterministes de la liberté (Épicure, Augustin).
Sous-critères
Les critères précédents constituent une grille d’analyse suffisante à mon sens. Il peuvent être complétés par les concepts suivants :

1.↑ Max Weber, Essais sur la théorie de la science, Librairie Plon, 1965, p. 233.
2.↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, 1109b.