À propos

L’histoire éclaire les concepts. Image générée avec ChatGPT

Les questionnements qui m’animent

​La réflexion philosophique que je mène ne se réduit ni à la recherche de vérités, ni à celle de moyens pour changer un monde traversé par les oppositions et par les idéalisations. Elle s’adosse à un mode de vie orienté par la liberté de penser, la distance et la paix.

Ingénieur de formation, je travaille dans le secteur de l’informatique et de la chaîne logistique. Depuis des années, j’observe les bouleversements économiques engendrés par l’informatisation et par l’automatisation : ils imposent des restructurations, ils déplacent les métiers et écartent régulièrement des femmes et des hommes de la vie active. Le remplacement économique des humains par les IA, les machines et les robots n’a plus rien d’hypothétique : c’est un enjeu majeur du XXIe siècle, au même titre que le réchauffement climatique. Cette situation m’a conduit à prendre du recul vis-à-vis d’une économie – quelle que soit sa forme, capitaliste, communiste, etc. – érigée aux XVIIIᵉ-XIXᵉ siècles en principe d’organisation sociale. En retour, ce principe tend à désagréger les nations comme les unions internationales.

Dans ce contexte, la place de l’être humain est de nouveau questionnée – et, plus largement, le monde façonné par nos activités et nos imaginaires. Comment en sommes-nous arrivés à vivre dans des sociétés où la liberté individuelle, le « soi », la richesse, le travail ou la compétitivité représentent des obligations morales et des critères de légitimité politique ? Comment ces exigences entrent-elles en tensions avec d’autres aspirations – connaissance, liberté de penser, égalité, paix ? Comment des valeurs morales se diversifient-elles tout en se sédimentant en automatismes difficilement discutables ? Voilà ce qui guide mes recherches.

Le chemin intellectuel parcouru

Ma première question fut celle de la liberté, valeur cardinale de l’Occident qui, paradoxalement, se présente comme un impératif alors même que le concept ne fait l’objet d’aucun consensus. En l’explorant, j’ai compris qu’elle surgit à la frontière de la science et de l’éthique : la première fixe des limites qu’on ne transgresse pas ; la seconde crée des horizons parmi lesquels nous choisissons. D’où une distinction science/éthique devenue centrale, et une longue enquête sur les sciences – à commencer par la sociologie, bâtie sur des fondements moraux.

Peu à peu, les agencements conceptuels se sont stabilisés, la question de la vérité s’est décantée, et j’ai réalisé que ma motivation philosophique résidait dans l’éthique plutôt que dans l’épistémologie. Pourquoi vivons-nous ainsi, isolés dans nos sphères, sans vue d’ensemble ? Pourquoi reproduisons-nous les mêmes injustices et les mêmes formes de violence ? Pourquoi les individus méconnaissent-ils à ce point les valeurs qui les orientent ? Pourquoi nos sociétés produisent-elles des obligations qu’elles n’acceptent pas encore comme constructions historiques ?

Pour répondre, la mise en ordre des concepts ne suffit pas : il faut étudier l’histoire, celle des événements autant que celle des idées. Il faut aussi prendre de la distance avec la critique elle-même : la critique aveugle projette sur le réel les présupposés qu’elle voudrait imposer.

Il y a quelques années, je pensais pouvoir intervenir dans le débat politique et contribuer à réduire les oppositions. Aujourd’hui, j’estime cela peu réaliste : le monde dérive vite, les sociétés échappent au contrôle de leurs dirigeants, beaucoup préfèrent ignorer ce qui les contrarie et vivre dans des imaginaires conformes à leurs désirs. Ce mouvement fait le jeu d’une économie qui automatise et rend, de plus en plus rapidement, l’être humain superflu.

Être pessimiste sur les décennies à venir n’implique pas le renoncement : c’est une mise à distance de réalités qui nous dépassent. Je ne cherche plus à “sauver le monde” ; j’essaie de le décrire honnêtement, à l’échelle où il s’éclaire, c’est-à-dire l’échelle historique longue. Les compréhensions qui en émergent m’aident à gagner en distance face aux problèmes – distance qui, en retour, apporte un peu de paix dans une période agitée. 

Série d’articles en cours : valorisation de l’économie (XVe–XIXe siècles)
Je retrace comment le travail, le commerce, l’enrichissement, l’industrie ou la consommation ont été progressivement érigés en vertus politiques : des moyens devenus justifications morales.
Parcours : des cités marchandes italiennes à l’Angleterre des XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècles, jusqu’au XIXᵉ siècle. 

Comment citer un texte ? Exemple : Damien Gimenez,  « Du holisme à l’individualisme méthodologique, un éventail de rationalités », consulté le 26 mars 2021. URL : <https://damiengimenez.fr/du-holisme-a-lindividualisme-methodologique-un-eventail-de-rationalites/>.

Contact : damien[dot]gimenez[at]gmail.com


Publié le 16 février 2019. Dernière modification le 2 novembre 2025.